La cathédrale Sainte-Sophie de Kiev

La cathédrale Sainte-Sophie est construite entre 1037 et 1050, à la demande de Iaroslav le Sage, grand-prince de Kiev de 1019 à 1054. A la même époque, il fait aussi agrandir la ville.

Grand bâtisseur et législateur, il obtient des Byzantins que Kiev devienne le siège d’un métropolite, prélat orthodoxe situé entre le patriarche et les archevêques. En conséquence, il fait ériger une cathédrale.

Une cathédrale de style byzantin

L’aspect extérieur de la cathédrale primitive n’est connu que par une reconstitution car elle a aujourd’hui l’apparence d’une église baroque. Mais à l’origine, à l’instar de l’église de la Dîme, première église de Kiev, Sainte-Sophie est typiquement byzantine : plan en croix grecque à cinq nefs et cinq absides ; élévation avec des tribunes et treize coupoles agencées en pyramide ; technique de construction à assises de briques en retrait ; et enfin décor intérieur de mosaïques et de fresques.

Les différences avec les églises constantinopolitaines du XIe siècle sont dues à des problèmes d’ordre pratique : d’abord l’absence de marbre, d’où l’utilisation de brique et de pierre locale ; ensuite le problème des dimensions imposantes (30x39m) qui obligent à multiplier les formes connues, d’où le grand nombre de nefs et de coupoles. Il est donc tout à fait probable que la cathédrale de Kiev soit l’œuvre d’un architecte byzantin, secondé par une main d’œuvre locale.

Un décor très riche de mosaïques

Les constatations sont du même ordre en ce qui concerne le décor intérieur. Composé de mosaïques et de fresques, il est sans doute réalisé par des artistes grecs venus de Constantinople et des collaborateurs locaux, entre 1043 et 1046. Les restaurations réalisées depuis 1952 permettent d’admirer aujourd’hui les mosaïques dans toute leur splendeur. Réservées aux églises les plus riches, comme c’est le cas ici dans cette église princière, elles sont traitées comme des icônes, les personnages et les scènes se détachant sur un fond d’or.

Elles sont situées dans les parties hautes, particulièrement aux surfaces courbes pour mettre en valeur les jeux de lumière. Ainsi, les mosaïques décorent la coupole centrale et le sanctuaire de la cathédrale de Kiev. L’iconographie et la situation des scènes sont à mettre en rapport avec la signification symbolique de l’église, sa fonction liturgique et les préoccupations théologiques de l’époque. La coupole est ornée d’un Christ Pantocrator entouré d’Archanges et des Apôtres. L’abside présente une Vierge Orante, la Communion des Apôtres, les Docteurs de l’Eglise orientale, ainsi qu’Etienne et Laurent. Sur l’arc triomphal montre une Déisis et une Annonciation. La disposition des mosaïques correspond au schéma des églises de Constantinople.

Fresques et sculptures à la gloire de Iaroslav

Les fresques décorent le reste de l’édifice. Malgré de nombreuses lacunes, le programme est encore lisible : des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament ; des scènes de vies de saints ; une scène de donation avec Iaroslav, sa femme Irène et leurs fils ; enfin, des fresques à sujets profanes illustrant la vie du prince avec des scènes de chasse, de musique, de danse et de spectacle.

La cathédrale Sainte-Sophie possède aussi un bel exemple de sculpture funéraire de cette époque, avec le sarcophage de Iaroslav, réalisé entre 1019 et 1054. Il s’inscrit dans un mouvement de renaissance des répertoires décoratifs paléochrétiens pour la sculpture funéraire. Ainsi, ce tombeau possède un décor aniconique fait de croix, de feuillages, de rosaces et d’oiseaux, en bas relief.

La cathédrale Sainte-Sophie de Kiev est un monument exceptionnel, témoignage du premier art russe d’influence byzantine et, à ce titre, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1990.

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